Le festival Québec en toutes lettres s’apprête à entamer sa 15e édition sous l’inspiration des mots de Jean-Paul Daoust. Rencontre de La Fabrique culturelle de Télé-Québec avec l’éclatant porte-parole.
En approchant Jean-Paul Daoust, l’équipe de Québec en toutes lettres désirait axer l’événement sur la fête et sur l’idée de regarder vers le haut. Le thème choisi cette année, «Escalader la lumière» — tiré du poème Raw Painting, de Daoust —, illustre bien ce choix d’envisager un ailleurs plus lumineux.
«Escalader la lumière, c’est un verbe d’action; il faut faire l’effort pour aller vers la lumière. Ce vers, c’est un choix pour enfin célébrer la beauté des choses.»
– Jean-Paul Daoust
Daoust se joint avec grand plaisir à cette édition anniversaire en revêtant le costume de porte-parole. Pour le poète-dandy, le festival constitue le plus grand événement d’arts littéraires au Québec.
Rébellion et littérature queer
Jean-Paul Daoust a toujours écrit sur ce qu’il vit et sur ce qu’il pense, en ne faisant partie d’aucune école. Même s’il estime plutôt qu’il est en dehors du cadre, il reconnaît qu’on le considère maintenant comme l’un des pionniers de la littérature queer, avec le poète André Roy, un peu comme ce que Michel Tremblay représente pour les sphères du théâtre et du roman.
Daoust se rappelle que même le mot «queer» s’avérait péjoratif dans les années 1970 et 1980. Il savait que parler de ses expériences et en faire de la poésie, c’était s’engager sur un chemin dangereux où il amorçait en quelque sorte une petite révolution. L’homme de lettres a donc publié les livres qu’il aurait aimé lire à 17 ou 18 ans, offrant dès lors un modèle qu’il n’a pas eu lui-même.
Aujourd’hui, il porte un regard empreint de candeur et de gratitude sur sa carrière. C’est toutefois par les yeux des autres qu’il prend pleinement conscience de l’étendue de son parcours de presque 50 ans.
Ce dont il est le plus fier, c’est d’avoir écrit comme il voulait, sans concession, sans censure. «J’ai écrit des textes qui étaient très durs, mais finalement, la vie privée est politique, dit-il. Dans ma façon d’être, je n’ai aucun regret; j’ai été ce que j’ai voulu. Je ne m’en suis pas laissé imposer.»
Cet esprit de rébellion est infusé dans ses écrits non pas par bravade, mais pour permettre à ce poète d’être pleinement lui-même: «Oui, oui, je savais que j’étais baveux! Je ne le fais pas pour ça [secouer les gens], mais ça donne ça, des fois. Ça éveille les consciences, ça présente une nouvelle perspective.»
De la tour d’ivoire à la terre ferme
«Notre job, en tant que poète, c’est de dire les choses pour les gens qui n’osent pas, ou qui ne peuvent pas, croit Jean-Paul Daoust. Je me retrouve alors dans le rôle d’une courroie de passage. Je permets aux gens de mettre des mots sur des émotions, et qui peuvent ensuite les amadouer, les apprivoiser. »
Selon lui, le milieu poétique est plus dynamique que jamais: «La poésie a perdu son côté “tour d’ivoire”. Les poèmes de maintenant parlent du vécu, autant social que politique ou planétaire; les poètes parlent des crises climatiques, ils mettent de l’avant des revendications autant au niveau du genre que de la liberté. Les jeunes poètes sont audacieux et énergiques.»
De l’audace et de l’énergie, monsieur Daoust en a toujours à offrir. Il travaille justement sur son prochain recueil, dans lequel il aborde les thèmes de l’opulence et de la lumière, à contre-courant de l’ambiance générale. «Je n’ai peut-être pas tout dit ce que j’avais à dire, mais j’en ai dit pas mal.»
Daoust en festival
Il sera possible d’assister à un entretien avec Jean-Paul Daoust, animé par Vanessa Bell, le 18 octobre à 17 h 30 à la Maison de la littérature de Québec. De plus, toujours à cette même Maison, le festival présente Armures de velours: odes à Jean-Paul Daoust, une exposition lors de laquelle le public sera en mesure de voir des pièces flamboyantes de sa garde-robe ainsi que certains carnets de sa collection.
Par où commencer
Pour entrer dans son univers littéraire, Jean-Paul Daoust suggère les ouvrages suivants:
- Les garçons magiques, aux Éditions de la Grenouillère;
- Les cendres bleues, qui a été publié pour la première fois en 1990 et
qui en est maintenant à sa septième édition, aux Écrits des Forges; - L’Amérique, aux Éditions XYZ.